Ma pratique porte un regard actuel sur les nouvelles perspectives en arts d’impression. Elle se déploie sous la forme d’une heureuse chorégraphie où le corps s’hybride avec l’objet par l’entremise du photographique, de la sérigraphie, de la sculpture et de la performance. Mon langage visuel emprunte les codes esthétiques du design et de l’aménagement d’intérieur, dans le but de mettre en évidence notre rapport à la fois affectif et intime avec les objets du quotidien. Grâce au photomontage, je crée des motifs farfelus mettant en scène les babioles les plus banales avec la figure humaine. Ces trames reproductibles sont sérigraphiées sur des objets à caractère anthropomorphique, proposant une mise en abîme infinie entre le corps et l’objet usuel.
C’est avec humour et un brin d’insolence que j’observe notre névrose collective à l’égard des convoitises matérielles. Nos innombrables possessions m’apparaissent pourtant dérisoires à une époque où l’hyperconsumérisme place nos ressources naturelles dans une position critique. En exploitant la sensualité du corps, ma démarche explore la proximité entre l’érotisme et l’objet. Je perçois les désirs comme des pulsions difficiles à résorber, qu’ils soient de nature relationnelle ou matérielle. Mon travail constitue une réappropriation catégorique de mon corps fièrement féminin en réaction aux nombreuses absurdités factices de l’histoire de l’art utilisant le corps féminin au profit de l’agentivité masculine et jette un regard cynique sur cette propension à consommer avec excès le corps, comme l’objet.